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vent eu des mariages entre les deux peuples, et que même bon nombre des habitans de l’Ôngermanland descende des Lapons, l'animosité, la haine et le mépris subsistent dans toute leur force entre les deux peuples.

Les Suédois haïssent, détestent les Lapons, tant à cause de leurs rennes, qui gâtent l’herbe, que parce qu’ils les croient sorciers. Ils ne souffrent pas, qu’aucun d’eux s’établissent dans un village, et forcent ceux qui voudraient vivre dans des maisons, à les aller bâtir dans les bois. Toutes les paroisses ont un Lapon, qui demeure à quelque distance, et dont la besogne est d’écorcher les chevaux morts, et de faire tout ce que les habitans répugnent à faire.

La haine, comme on peut bien le penser, doit être réciproque, mais elle est encore plus forte du côté des Lapons, et je ne fais pas de doute, que ce sont en grande partie ces tracasseries, qui les forcent à la vie errante qu’il mènent. On ne peut guères pense, que ce soir la possession de leurs rennes qui les oblige à ne se point fixer : ils suivent, à cet égard, la pratique des Suédois et des Norvégiens qui ont beaucoup de bestiaux. Pendant l’été, ils vont avec leurs rennes dans les montagnes, et quand l’hiver vient, ils descendent dans la plaine et dans les bois.