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extraordinaire : le port de Nantes, et j’étais au bout du monde.

Le lendemain, le mal-aise augmentant, je crus devoir me faire saigner. Le land-man (le bailly) consentit à me rendre ce service : dans tous pays ces messieurs savent assez bien saigner les gens, mais sans lancettes ; celui-ci faisait mieux, il ne put en venir à bout, quoiqu’il me piquât deux fois, et me fit même un trou assez large au bras. De-là me vint la réflexion, qu’au lieu du grec, de d’hébreux et du latin, dont on remplit la tête des prêtres en Suède, il serait bien plus utile aux paysans, avec qui ils doivent vivre, qu’ils connussent un peu de chirurgie. Dans toutes les paroisses, il devrait au moins y avoir un homme qui sût saigner, accoucher, et en cas de besoin remettre un membre démis.

Pour que le récit d’un étranger, conteur de voyage, puisse être utile au pays qu’il visite, il est bon qu’il passe par toutes les situations, où les habitans peuvent se trouver ; quand rien au-dedans ne vous console, il est bon de tâcher de le faite par l’idée du bien général.

J’avais envoyé un exprès à M. de Nordenfalk, pour lui faire part de l’accident qui venait de m’arriver. Le lendemain, son gendre, le comte Frölik, et un ami de la maison, vinrent me