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ginait que je venais de France, tout exprès pour mourir chez lui, me regardait avec des yeux ébaubis et ne paraissait pas fort désirer de m’y faire porter. Prenant donc mon parti, j'appelai quelques hommes, ils me traînèrent, souffrant des maux inouis, et me jetèrent sur le lit du curé. Le bon homme examinait, lisait mes papiers et les lisait encore, et cependant j’étais là gissant.

Pour comble de malheur, il était sourd ; je fis tant, que du moins il ouvrit la fenêtre ; je le priai de faire venir sa fille dont j’avais vu la sœur à Hernösand. Elle vint ; je m’expliquai, et de ce moment, tous les soins et toutes les attentions me furent prodigués ; mais dans l’intervalle, le genou, la cuisse et la jambe avaient enflé prodigieusement et la meurtrissure s’étendait depuis le pied jusqu’à la hanche.

En me retournant sur mon lit de douleur, devers minuit, j'aperçus quelques tableaux sur la muraille. Ma vue s’arrêta sur l’un, et je lus en gros caractère : Vue du port de Nantes. Ce l’était en effet ; ah ! quand quelque grand malheur nous arrive, il n’est pas besoin d’un tableau, pour que nos idées s’arrêtent sur notre patrie ; mais alors cependant, la circonstance était bien