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chaudes, ils les grattent légèrement, et y sèment du seigle. Si cette semaille est suivie d’une pluie abondante, ils sont presque sûrs d’avoir l’année d’après une recolte prodigieuse ; l’herbe vient ensuite sans autre culture. Cette méthode a l’inconvénient de mettre quelquefois le feu aux bois voisins, et souvent l’incendie se propage à des distances considérables ; mais elle a aussi de grands avantages dans ces vastes pays, si peu peuplés.

La chaleur était excessive, et l’orage qui menaçait, éclata précisément à l'instant que je traversais l’Ôngerman, pour aller chercher la poste de Skog d’où je devais remonter ses bords. La rivière a plus d’un demi-mille de large dans cet endroit, les bords en sont très élevés et paraissent bien cultivés et habités ; les éclairs qui sillonnaient la nue dans le lointain, et le roulement du tonnerre augmentaient encore la beauté de la scène.

Les gens à Skog eurent besoin de se faire répéter plusieurs fois, que je voulais remonter le cours du fleuve ; suivant l’usage des pittoresques, ils voulaient me faire aller à Torneô voir le soleil pendant la nuit. Eh ! mais, est-ce qu’il est plus beau que le jour ? que m’importent les bois, les ours, les rochers de ces déserts, et même la