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son temps dans sa retraite, à cultiver son île, dont il est presque le seul habitant : il y a très-bien réussi, et Sanna est vraiment un beau lieu.

Je remarquai parmi l’herbe, plusieurs épis de seigle, et M. le baron de Bunge m’assura que l’année d’avant, il avait semé de l’avoine avec la graine de foin ; qu’au sur-plus, ce n’était pas la première fois qu’il avait fait la remarque que l’avoine semée avant l’hiver, produisait du seigle l’été d’après. Il me montra plusieurs endroits qu’il avait semés exprès, et parmi lesquels on voyait à peine quelques tiges d’avoine.

Je sens très-bien que beaucoup de gens vont crier, que ceci est une exagération de voyageur ; pour éviter toute discussion, je renverrai les incrédules à Sanna et à la personne respectable de qui je tiens ce fait.

Les îles nombreuses qui bordent la côte sont couvertes de bois, et les vaisseaux qui passent continuellement entre elles, animent le paysage. Les habitans ont ici, comme presque par toute la Suède, une manière de défricher les terres bien extraordinaire, et l'on pourrait dire bien dangereuse. Ils abattent les arbres, en couvrent le terrain, et l’année d'après, y mettent le feu. Lorsque les cendres des branches brulées, (car le tronc de l'arbre ne brûle pas) sont encore