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rieure : il me parut très-complet et en bon état.

La ville de Carlscrona a eu le malheur d’être réduite en cendres dans le mois de juin 1790 ; depuis ce temps elle s’est rétablie, elle est sans doute beaucoup mieux bâtie, mais la misère la plus grande se fait voir de toutes parts.

On voit dans plusieurs endroits, de beaux bâtimens commencés et fort peu d’achevés ; c’est, on ne peut le nier, la maladie du pays et que j’ai eu bien souvent occasion de remarquer. Cela s’explique aisément : un homme en place veut avoir l’honneur de passer à la postérité au moyen d’un édifice, dont il aura ordonné la bâtisse. On jette les fondations, l’entrepreneur met son nom sur la première pierre, et la construction va tout doucement, jusqu’à ce qu’il vienne à mourir, ou qu’il soit prié de quitter le ministère.

Un autre vient après, qui ne se soucie nullement de travailler pour son prédécesseur, et veut avoir aussi son nom dans les fondations d’un autre bâtiment ; on abandonne donc l’édifice commencé, comme inutile, et on en construit un autre qui aura aussi le même sort. Pour parer à cet inconvénient, j’ai dans l’idée qu’il devrait paraître une belle ordonnance qui ne permît d'avoir son nom sur un bâtiment public, qu’autant qu’on y aurait mis la dernière main, et enfin