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vincial), M. Göltsen, qui voulut bien me permettre de me reposer chez lui. Ce fut ici que j'appris la révolution de Bonaparte. Quoique depuis long-temps presque étranger à la France, la nouvelle me fit grand plaisir. Les Français en effet ont dû être enchantés de voir un homme qui les tirât des griffes rapaces de ceux qui gouvernaient avant. Son retour en France l’avait mis dans la nécessité d’être le chef du gouvernement, ou d’être guillotiné. C’est presque toujours de circonstances pareilles qu’on a vu sortir les plus grandes choses ; puisse-t-il ne pas tromper l’attente des honnêtes gens, et mettre un terme à nos discordes et à la guerre.

À la sortie de Lundene, il fallut gravir une montagne, pour aller gagner une autre vallée. C’est sur-tout dans cette vallée que je m’aperçus de la différence totale des habitans à ceux des côtes de la province de Bergen. Les maisons de bonde riches sont très-nombreuses. Les gens sont doux, serviables, obligeans, satisfaits de la moindre chose au-dessus du prix ; s’ils demandent quelquefois, c’est comme faveur et poliment, mais non pas en disant des injures, ou en menaçant de vous assommer, comme ces enragés ichtiophages de l’autre côté des monts.

Le penchant des montagnes parait cultivé presque