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livrais à mes rêveries, autant que la gelée violente pouvait me le permettre. J'arrivai à Leman, où je fus reçu avec complaisance par M. Lem. La bonne chose que la fatigue ! Que le sommeil est doux et le repos agréable, quand ils sont nécessaires !

Il arrive quelquefois que le fiord entier est gelé ; alors il faut que la poste suive pendant quatre milles, des sentiers pareils à ceux que je venais de traverser ; je mets en fait qu’il faudrait près de huit jours à un voyageur pour en venir à bout. De mon bateau je suivais de l’œil cette longue ligne tracée au sommet des monts ; et l’idée seule de m’y trouver me faisait frissonner. Je me consolais de ma navigation présente, en songeant avec plaisir, que ce serait le dernier fiord que je traverserais, et je me promettais bien de ne plus jamais retourner les visiter.

Mes bateliers me faisaient craindre, qu’à un demi-mille de l’endroit du débarquement, l'eau serait encore gelée. Nous allions pourtant tout doucement, et a mesure qu’ils approchaient, leurs craintes augmentaient ; quand en tournant le cap, au lieu de la place que nous craignions de voir, nous fumes accueillis d’une tempête. Ah ! dieu soit loué ! me dis je, entre se noyer ou se casser le cou, le choix doit être assez indifférent ; le