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écrits ne sont que de petites pièces détachées de quelques pages, qu’un homme ingénieux et savant comme lui, devait commencer et finir dans une matinée.

Suhm est aussi très-exagéré dans ses expressions et fait tenir à ses interlocuteurs des discours souvent hors de place. Le dialogue de Sarraka et de Beive, un Lapon et son amante, en est un exemple bien frappant. Beive dit à son amante : » Min sands, mit syn, mit forstand forgaaer ved at see paa dig ; de ere haeftede paa dine öine, paa din mund, paa din hals, paa aline snechvide runde bryste ; lad mig der samia dem op igien ? » Sarraka lui répond : » Du begiærer dit eget ; ræk mig din lille mund, farvet med morgen rödens farve, lad mig see din aande i mig ; læber hefte lil laeber, vore tunger kysse hinanden ; ak ! at jeg var hos dig ! dog dit billede staaers indpræntes i min siæel, i mit bierte ; jeg tænker ikke i mig, men i dig »[1] Assurément, si on récitait ce dis-

  1. » Je perds à te regarder mes sens, ma vue, mon entendement ; ils errent sur tes yeux, sur ta bouche, sur ton cou et sur ton sein rond et blanc comme la neige ; laisse-moi le rassembler encore ? » — » Tu demandes ce qui appartient. Approches-moi la petite bouche, brillante comme les couleurs roses du malin ; fais-moi respirer ton haleine, que tes lèvres se collent sur mes lèvres !... Ah ! que ne suis-je à toi ! ton image est dans mon âme et dans mon cœur, que je ne pense plus à moi, et que je vis toute dans toi. »