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de cette manière : Les marsouins, qui sont très-communs dans ces mers, vont toujours à la file les uns des autres. Comme ils paraissent sur l'eau les uns après les autres, des gens prévenus ont fort bien pu les prendre pour les mouvemens d’un serpent démesuré.

C’est aussi à Bergen qu’est né le baron Holberg, que l’on peut justement appeler le Molière du Nord. Ses ouvrages nombreux sont pleins d’un sel attique et d’une originalité qui lui est particulière. Ses comédies, qui sont passées de mode à-présent, sont on ne peut plus gayes et donnent à connaître que leur auteur avait fait une étude approfondie des hommes. Je les ai lues toutes ; et il y en a bien deux cents. J'en ai trouvé plusieurs tirées de Molière ou de Shakespear ; leur principal défaut consiste dans la négligence de leur composition ; avec un peu de travail et une correction bien entendue l’auteur en eût tiré plusieurs chef-d’œuvres. Son Voyage de Klimius dans le monde souterrain, écrit en latin, est très-intéressant, et approfondit la plupart des scènes humaines ; il est dans le même genre que le Voyage de Guliver par Swift. Ces deux auteurs vivaient dans le même temps à-peu-près. Je ne sais qui des deux est l'inventeur ; mais l’ouvrage d’Holberg est beaucoup plus satisfaisant à lire :