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égarés dans les mers du Nord, ont effectivement rapporté avoir rencontré un poisson immense de la forme du crabe, qu’ils appellent cracken. Ils l’avaient d’abord pris pour une petite île, et ensuite ils l’avaient vu disparaître dans la mer. Quand on a peur, on n’y voit pas si bien ; jusqu’à meilleure information, on peut mettre en doute l’histoire de ce cracken. Pontoppidan assure bien aussi qu’un jeune monstre de cette espèce se trouva pris à marée haute entre les rochers de la paroisse d’Alstaboug, dans la Norrland, et que sa carcasse pensa empoisonner le pays. Les Norvégiens savent trop bien, qu'une masse pareille eût pu donner dix fois la quantité d’huile d’une grosse baleine, pour l’avoir laissé pourrir à la côte sans en tirer parti.

L’histoire du serpent prodigieux dont on voit l'estampe dans le livre de Pontoppidan et dont la tête s’élève au-dessus du mât des vaisseaux, est assurément fort étrange. Il en prétend l’existence assurée par plusieurs marins. Il ne la trouve pas plus extraordinaire, que celle du serpent dont Pline et Tite-Live font mention, qui combattit contre l’armée romaine en Afrique, près la rivière Bagrada, et dont la peau fut conservée dans un temple de Rome jusqu’à la guerre de Numance.

Quelques personnes ont expliqué ce phénomène