Page:Latocnaye - Promenade d un francais en suede et en norvege, 2e part, 1801.djvu/203

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et quoique le résultat soit le même pour elles, je suis persuadé que les dames font une grande différence entre désirer et courir après l’occasion de jouir de leur compagnie, quoique en vain, ou la fuir.

Etonné de ces manières, je pouvais à peine concevoir comment les mariages se faisaient, puisque les jeunes gens des deux sexes semblaient se fuir ; en me promenant le soir, j'appris à le connaître. Il y a peu de portes, où l’on ne voye quelques conversations intimes. Si par hasard quelque autre personne que le favori se présentait, on verrait sur-le-champ la demoiselle s’enfuir en riant. On se promet, on se fiance enfin deux ou trois ans avant le mariage ; et comme les négocians dans tous pays ne font guères d’affaires sans être sûrs de leur fait, il arrive souvent que la cérémonie ne se fait que lorsque la promise est prête d’accoucher. Dans d’autres pays, cet usage serait sujet à maints inconvéniens, mais ici cela se regarde comme une chose assez simple et toute naturelle. Le fiancé d’ailleurs serait réellement regardé comme déshonoré, s’il ne remplissait pas ses engagemens, sur-tout lorsque la chose devient publique et pressante.

La fréquentation des corsaires et des étrangers a introduit à Bergen la pratique des gains