Page:Latocnaye - Promenade d un francais en suede et en norvege, 2e part, 1801.djvu/202

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en poche, il n’en est pas un qui ne boive son bol de punch chaque soir. En général, dans ces sociétés on joue très-petit jeu, ce qui est une preuve indubitable que le commerce est florissant. Quand il tombe, le négociant, perdant l’esprit d'entreprise au loin, fait ordinairement des spéculations sur les cartes. C'est ce que j’ai été à mêmé d’observer dans plus d’un endroit.

Les dames, comme à Christiansund, ne paraissent jamais dans la société et ne sont jamais invitées nulle part. On les voit, quand le chef de la maison a compagnie, rôder modestement autour des tables de jeux, servir le punch et se tenir à l’écart sans dire mot. A table, elles coupent et taillent tout, et souvent après le dîner elles sont obligées d’essuyer les embrassades de la joyeuse compagnie. Les gens habitués à la seule société des hommes, sont gênés par leur présence. J’ai vu dans un concert, donné pendant mon séjour, tous les jeunes gens rester dans une espèce d’antichambre près de la salle, parce qu’il y avait une quinzaine de dames assises bien tranquillement et bien solitaires contre la muraille. En vérité c’est une triste chose que d’être femme à Bergen.

En Turquie, les femmes ne sont pas libres, mais elles sont du moins traitées avec égards,