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denrée entre eux. Les pêcheurs sont obligés de s’en contenter, et alors chacun se fournit et remplit ses magasins, mais on ne peut pas le faire avant que le prix n’ait été fixé.

Le nombre des habitans de Bergen monte à dix-huit mille à-peu-près ; on y voit des étrangers de toutes les parties de l’Europe, qui y arrivent par mer et s’en retournent de même. L’aspect du pays et des habitans qui avoisinent la ville, ne doit pas leur donner une idée très-favorable de la Norvège. Le district de Bergen, appelé Nordhordlehn, est bien sans contredit le plus stérile et le plus montagneux de ce royaume, et les habitans, appelés horders, sont certainement la race la plus pauvre et la moins civilisée de tout le pays. En vérité, ces mangeurs de poissons n’ont aucun des traits qui caractérisent les vrais Norvégiens. L’habillement, les usages, la forme, tout diffère ; le jargon même est tout différent. Les gens joignent ici à la longue barbe un bonnet bleu dans le goût des montagnards écossais, une grande culotte d’une seule pièce avec l’habit, dans laquelle Se fourrent tout entier. Pour chaussure ils ont une pièce de cuir, liée par un cordon sur le pied. Qu’on joigne à tout cela l’air le plus sauvage, et la malpropreté la plus crasseuse. Assurément ce portrait ne res-