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des dernières obligeaient les apprentis à se désister de leur demande ; plusieurs aussi sont morts dans les tourmens. On báillonnait d’abord le patient, et on l’élevait suspendu à une corde par les épaules au trou du toit, par où la fumée s’échappait.[1] Après avoir été fumé ainsi pendant plusieurs heures, exposé aux ris de la multitude, on le descendait et on le mettait tout nu ; puis chaque membre armé d’une baguette ou de verges, le fouettait et le battait jusqu’à ce qu’il fût tout en sang ; on le jetait ensuite à l’eau et on le faisait passer sous la quille d'un vaisseau. Ces épreuves se faisaient alternativement et le patient pouvait les faire cesser, en renonçant à la prétention d’être admis au comptoir.

On rapporte qu’un jeune homme ayant été étouffé dans l’épreuve de la fumée, on trouva en le descendant que sa figure avait trois nez et quatre yeux. On a consacré cette histoire absurde par une figure à trois nez et quatre yeux placés au-dessus de la porte de la maison où l’on prétend que ce fait est arrivé. Le roi Christian V, par une ordonnance du 8 novembre 1671, a

  1. Les cuisines dans le comptoir de Bergen n’ont point encore de cheminées : elles forment un petit corps-de-logis séparé du bâtiment pour éviter les incendies. C’est dans la cuisine que les épreuves, mentionnées ci-dessus, étaient faites.