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autant que possible inacessible par terre, et ils ne pouvaient mieux choisir.

Aussitôt débarqué il me fallut encore gravir une montagne très-élevée : un barbu qui me suivait, ayant la même idée que celui de Lindaas, voulut porter mon porte-manteau : mes remontrances ne pouvant le persuader, je fus obligé de le laisser faire. La nuit me surprit dans la descente de la montagne et le précipice profond qui borde le chemin, en devenait plus effroyable. Un jeune garçon se chargea de mener mon cheval par la bride, et je ne pus arriver à la poste qu’à dix heures du soir, quoique je fusse parti à trois heures et qu’il n’y eût qu’un mille.

J’étais enfin au bout de mon voyage, un mille encore et j’étais rendu à Bergen. Je pris courage et m’étendis tranquillement sur la table pour la douzième fois depuis mon départ de Moldé, et j’attendis le jour en patience. Le voisinage de Bergen est réellement tel, qu’on ne peut se figurer rien d’aussi épouvantable : trois fois, il me fallut gravir et descendre des montagnes très-hautes, par des espèces d’escaliers raboteux de roches énormes, où à chaque pas, je pouvais croire que je devais me casser le cou. Dans le fond des vallées que je dus traverser, je vis cependant quelques jolies maisons et de grands