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aux gens de me donner un cheval pour faire un mille ; il était trop tard, disaient-ils, et midi sonnait. Dans le fait il faut trois heures au moins pour faire ce mille, autant pour retourner, une heure de repos et une heure pour aller chercher le cheval, ce qui fait huit heures, et ces gens ont peur des sorciers. Dès que le soleil s’est couché, ils reviennent chez eux, et pour rien au monde n’en voudraient partir.

Le Barbu qui devait me conduire, prétendit que mon porte-manteau était trop lourd pour son cheval, et en conséquence il le mit sur ses épaules. Je souffrais de le voir, mais pour un rien, il m’aurait pris moi-même, et m’aurait mis à califourchon sur le porte-manteau, pour épargner le cheval. Cela me fit marmotter entre les dents ce dicton de la Fontaine,

« Le plus cheval des deux n’est pas celui qu’on pense. »

Ce diable d’homme me suivit ainsi équippé et arriva en même-temps que moi à Ondveen, où il me fallut encore traverser un petit fiord : c’était l’avant-dernier, et ce ne Fut pas sans plaisir, que j’en fis la remarque,

C’était le samedi soir ; aussitôt après le souper, la famille s’assembla et les filles chantèrent quelques pseaumes, après lesquels chacun s’étendit