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me noyer dans les fiords d’enfer, que le diable a creusés entre elles. Pour surcroît j’étais obligé de passer la nuit dans les cabanes enfumées des paysans, étendu sur une table, ou sur le plancher, sans provision, et sans autre consolation qu’un peu de rum qui, mêlé avec de l’eau chaude et du sucre, m’aidait à supporter cette fatigue prodigieuse.

Le fiord de Moss était appaisé le lendemain, et je me hasardai sur une faible barque à le traverser, il faisait un temps superbe. La vue se promenait sur les eaux, et les hautes montagnes bornaient au loin l’horizon. Le coup-d’œil était imposant et admirable ; mais quand les vagues sont agitées, la vue de ces mêmes rochers doit paraître bien épouvantable.

Les vieillards assez généralement dans cette province, portent leur barbe, mais dans cette paroisse (à Lindaas), tous les hommes la portent. Les maisons, l’habillement sont de la même sorte que ceux dont j’ai parlé ; rien assurément ne ressemble plus aux Lapons que l’espèce de gens qui habitent cette partie ; la taille même me parut être moins haute, je ne voudrais pas assurer pourtant que cela fût général, mais cela m’a paru tel.

Ce ne fut pas sans peine, que je pus persuader