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grain, que j'apercevais de loin frisant la surface des vagues, je les en avertissais, et au plutôt nous nous jetions dans quelque anse à travers les rochers jusqu’à ce n’il fût passé. Nous fûmes obligés de nous arrêter ainsi, cinq ou six fois, et ne pumes arriver à Eye qu’après six heures de fatigues.

La péninsule que j'avais à traverser ici, n’est que d’un quart de mille ; il faut prendre autant de précautions pour transporter ses effets a un quart de mille que pour cent lieues ; dans ce court espace, pour les avoir négligées, le bât mal attaché sur le cheval tourna trois fois et je tombai à terre, au grand risque de ne pas m'en relever.

Je me trouvai à Eye sur le bord du fiord de Moss, qui a près de deux milles de large ; une tempête terrible l’agitait alors, ce qui me força à m’arrêter. Il n’est pas hors de propos, de remarquer que c’était le quatrième jour que je voyageais depuis la pointe du jour et qu’à la nuit et n’avais fait qu’un mille. Cette route pénible de Molde à Bfergen qui n'est guère que de 40 milles, m’a pris dix-huit jours complets ; j’ai chaque jour été mouillé à la peau, en danger éminent de me cesser le cou, en montant ou en descendant les hautes montagnes, ou de