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entre les pierres est à peine suffisante pour faire voir que l’on n’est pas en enfer. Quand ce maudit voyage finira-t-il donc ? Il n’y a plus que huit milles pour arriver à Bergen, mais chaque mille est plus difficile à faire, que dix en Suède.

En dépit du vent et des vagues je m’embarquai sur le fiord Nord-Gullen. Les bateliers habiles, savaient ménager leur force et leur rame, de manière à lutter contre le vent : depuis trois heures cependant, j'avais à peine fait un quart de mille. La tempête augmentait toujours ; au détour d’un cap de rocher, le vent soufflant avec violence souleva l’eau en tourbillon et la fit tomber en torrent sur le bateau, qui virant de bord et tournant comme une toupie. menaçait de s’effondrer. Les bateliers effrayés laissaient presque les rames : je pris sur moi alors, de leur donner une confiance que je n’avais guères, et ramant à force, nous gagnámes une petite anse où je leur fis prendre des forces en leur donnant un verre d’eau de vie, qui opère ordinairement comme un charme sur ces gens. Après une minute, ils voulaient se remettre en mer, mais la nuit était très-obscure, et les vagues effrayâmes ; je ne voulus point y consentir : « De l'autre côté, » me dirent-ils alors, « Où vous voyez cette lumière, le marguillier de la paroisse demeure, nous