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a bien un mille de large et jamais milles ne paraissent plus longs que ceux qu’on voyage sur ces bras de mer redoutables. Les bateliers qui communément sont très-honnêtes sur l’eau, cessent malheureusement de l’être en débarquant. Accoutumés en pêchant à rester tranquilles tant que le filet est dans l’eau, ils ne jurent que lorsqu’en le retirant, ils n’y voient pas beaucoup de poissons ; il en est de même pour le voyageur, ils le traitent bien jusqu’au payement, mais quand ils l’ont reçu, ils jurent et font tapage, pour en obtenir davantage, quelque chose qu’il leur ait donné.

Je veux dire en confidence au lecteur, (sous la condition cependant, qu’il me gardera le secret), que dans mes voyages j’ai toujours un pistolet avec moi, lequel ne fut jamais chargé et qui manquant de gachette et de ressorts, ne pourrait guères l’être. Dans les grandes occasions donc, j’ai l’air de me mettre fort en cólère, j’ouvre avec fureur mon sac de provision, j’en tire l’instrument formidable et aux yeux de tous je le mets dans ma poche ; puis me placant dans un coin, je pérore mes assaillans, qui sans cela m’approcheraient de trop près, et pourraient fort bien m’assommer.

À mon débarquement donc, entouré de mes