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Je régalai la famille d’un peu de punch et de pain blanc ; c’était assurément pour ces bonnes gens un régal plus délicat, que les plus grands festins pour le riche. Le père enchanté de mes bons procédés, voulut m’accompagner lui-même au-delà des monts. Après une descente très-rapide et bien fatigante, j’arrivai enfin à Lervigen, chez le capitaine Holck ; sa maison est située sur le bord du principal fiord de la Norvège, le Sogne-fiord, qui était alors tourmenté par une tempête affreuse ; il s’étend de 16 à 17 milles dans l’intérieur des montagnes.

Je vis ici les gens recueillir le goémon, et après l’avoir arrosé d’eau chaude, le donner à leurs bestiaux, qui le mangeaient sans difficulté.

Peu-à-peu on se fait, et ensuite on se plaît à la coutume, on pourrait dire patriarcale, d’être servi par les dames de la maison. Les mets présentés obligeamment par une jolie personne, semblent meilleurs que lorsqu’un pataud de domestique vous les donne ; il semble bientôt tout naturel de voir le père de famille et ses amis servis par ses enfans. J’éprouvai dans la famille nombreuse du capitaine Holk, que cette manière, à laquelle les peuples du sud ont renoncé depuis long-temps, est souvent très-agréable.

Le lendemain, le Sogne-fiord était calme. Il