Page:Latocnaye - Promenade d un francais en suede et en norvege, 2e part, 1801.djvu/181

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Sur la montagne que je dus traverser après, je lui donnai un grand verre d’eau-de-vie, et alors le bon humain fut enchanté de m’avoir suivi. Je fus me loger de l’autre côté chez des cultivateurs qui sont bien autrement traitables que les mangeurs de poissons. Je passai la nuit sur la table, il est vrai, comme à mon ordinaire, mais l’attention de ces bonnes gens, qui me donnaient tout ce qu’ils avaient du meilleur cœur possible, me faisait oublier que mon lit était un peu dur. Quand la famille est couchée, on ne souffre pas de lumière dans la chambre commune. L’usage de ces bonnes gens est de se coucher à six heures du soir et ils ne se lèvent pas avant le jour, qui ne paraissait guères alors avant neuf heures du matin. L’obligation de rester ainsi étendu quatorze heures de suite sur une table, n’était pas ce qu’il y avait de moins pénible dans cette route.

Le blé, échauffé par la réverbération des rayons du soleil contre les rochers, mûrit mieux dans ces vallées que sur le bord de la mer, et les paysans qui y sont établis sont certainement plus heureux ; malgré cela, la population ne s'écarte guères des côtes, et les gens qui y végètent, croiraient mourir de misère, s’ils n’avaient pas la mer en vue.