Page:Latocnaye - Promenade d un francais en suede et en norvege, 2e part, 1801.djvu/179

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la Suède n’est pas loin d’eux, et qu’ils savent ce qui s’y passe, leurs questions étaient plus courtes.

Je m’arrêtai à Forde chez le prêtre Lind, où je passai un jour ou deux. Les juges du canton y étaient, et mon passe-port sans caractère fut long-temps le sujet de la conversation. Si jamais le diable me pousse à revisiter ces montagnes et ces fiords d’enfer, assurément je ferai mettre au moins pafwen sinap mästare (moutardier du pape), car il faut un caractère à ces messieurs.

Il fallut encore gravir une montagne pour descendre à l’autre fiord. Je ne fus guères moins de huit heures en route pour faire deux milles, et fatigué comme d’un long voyage, j’arrivai enfin chez M. Bennon, qui a une fort jolie maison sur le bord du fiord Dale, où je rembarquai encore. Ce fiord est très-étroit, et très-redoutable pour peu que le vent souffle ; il est bordé comme celui d’Hellesyt, de rochers perpendiculaires et de hautes montagnes. Le peu d’habitans qui habitent ces côtes, sont la plupart obligés d’avoir des échelles pour gravir à leurs habitations, autour desquelles on voit des vaches et des boeufs, qui comme dans le bras de mer d’Hellesyt, n’ont pu y arriver que sur les épaules de leurs maîtres.

La paroisse de Dale est située dans un joli bassin, ou la terre est assez productive. J'avais