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en zigzag jusqu’au sommet. On les voit au dessus de sa tête à une hauteur prodigieuse. La vallée dans laquelle je voyageai après, est très-étroite, et semble dans l’état que l’on pourrait imaginer pour la fin du monde ; des roches énormes accumulées les unes sur les autres, laissent à peine Un passage au milieu d’elles. Bientôt la démolition des montagnes plus considérable, donne place à quelques petits lacs autour desquels on voit quelques habitans. Il était six heures du soir lorsque l’arrivai à Skey ; il était trop tard sans doute, pour s’embarquer sur un lac dans ces montagnes, mais j’étais si fatigué que l’espoir de passer enfin une bonne nuit chez le pasteur de Julster, me fit tenter le passage.

Au départ un vent léger soufflait en ma faveur, et pour augmenter la vitesse de la barque, je lui tendais mon parapluie ; tout-à-coup un tourbillon s’éleva, les vagues se haussèrent et dans moins d’une minute une tempête terrible agita la surface du lac. Mes bateliers épouvantés de l’eau qui remplissait la barque et des vagues qui menaçaient de l’engloutir, ramèrent à toute force vers la terre. Habitués à ces orages soudains, ces gens, avec une adresse étonnante, se sont perchés (on pourrait presque dire) sur une vague, puis ramant avec vigueur en suivant son mouve-