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est fort bien imaginée dans un pays où il pleut tous les jours. Les vieillards conservent aussi leur barbe ; mais plus près de Bergen, les habitans de quelques paroisses ne la coupent jamais.

Les ours sont très-nombreux dans ces montagnes et les habitans croient fermement qu’ils sont très-friands, comme le rapporte Pontopiddan du fœtus des femmes enceintes ; ce qu’il y a de sûr, c’est qu’ils mangent autant de bœufs et de chevaux qu’ils peuvent en attraper ; mais ils attaquent très-rarement les hommes, quand ils ne sont pas provoqués.

Dans l’intérieur du pays on trouve toujour les gens également complaisans et point avides. La bonhomie de ces cantons isolés veut que l’on cause toujours avec ceux qu’on rencontre et qu’on les salue du titre de Far (père), les femmes de Mor (mère). Les gens aisés s’appellent entre eux mon frère en français : d'où il arrive parfois, que ceux qui ne connaissent pas la langue, y ajoutent encore le pronom de la leur, et se saluent en disant : huru morn min mon frère, (comment se porte mon mon-frère, dont il leur arrive par fois de faire un seul mot). Dans le commencement il me paraissait extraordinaire d’être appelé père par une bonne femme, qui eût pu être ma grand-mère ; mais bientôt on se fait à cela,