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positivement, que chaque fois qu’il naviguait sur ce bras de mer, il lui paraissait plus terrible, et que ce n’était qu’au péril de sa vie, qu’il s’acquittait de son office. Tous les prêtres dans les îles qui bordent les côtes de la Norvège courent le même danger. Quand ils vont prêcher dans l’île voisine, ils amènent souvent avec eux, leurs femmes et leurs enfans, dans la crainte que la tempête ne les forçât de rester trop long-temps sur l’île où ils vont.

Lorsque le prêtre fut arrivé, les paysans affluèrent dans la chambre, pour les affaires de la paroisse ; je grimpai alors par une trape dans le grenier où je devais passer la nuit. Quelque temps après je descendis et je présentai au curé la lettre que j’avais de l’évêque de Drontheim pour les prêtres de son diocèse, et le bonhomme m’admit à manger à la gamelle avec lui et le marguillier de la paroisse.

Le lendemain je me huchai sur un bât de bois, mon porte-manteau en croupe, et mon sac de provision sur les épaules du conducteur ; il ne lui pesait guères, parce qu’il savait bien qu’il lui en reviendrait quelque chose, et je m’enfonçai dans ces montagnes. L’entrée de la vallée est fort étroite, mais après un quart de mille, elle s’élargit et paraît assez habitée. Dès qu’on s’éloigne