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chambre du prêtre, qui n’avait guères que dix pieds de large, j’ai vu cinquante de ces bonnes gens accumulés, me regardant de tous leurs yeux et la bouche béante. Ennuyé de servir de montre, je fus me placer à une table et leur tournai le dos, faisant semblant d’écrire ou de lire ; je sentis tout à coup des cheveux gras, me pendre sur la figure, et en me retournant, je vis, je ne sais combien de têtes penchées sur la mienne, examinant ce que je faisais. Au milieu de tout cela, je distinguais la bonhomie la plus complette ; cette chambre, où le pasteur se tient quand il vient dire l'office à cette église, était la seule publique : on attendait le prêtre pour terminer des affaires avec lui ; la première curiosité satisfaite, une douzaine s’assit par terre, tira du pain et du fromage, et dans cette situation, continua de me toiser des pieds à la tête.

Le prêtre ne vient guères visiter cette paroisse que tous les mois : sa demeure est à Nordhall à trois milles de distance. Toutes les fois qu’il doit aller dans une des paroisses qui dépendent de son pastorat, six des habitans de celle où il doit aller, le viennent chercher en bateau le samedi, et ceux de son domicile vont le reprendre le lundi. Le bon curé du lieu, qui est dans la pays depuis plus de trente ans, m’a dit bien