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dont le bras de mer serait le fossé. Au dessus de ces roches épouvantables, d'autres montagnes s’élèvent dont le sommet est perdu dans les nuages.

Dans un espace de quatre milles, depuis Strand jusqu’à Hellesyt, à peine trouve-t-on cinq endroits, où l’on pût mettre pied à terre pour se sauver de la tempête. Les bateliers ont planté ça et là, dans les crevasses du roc, quelques morceaux de bois où ils s’accrochent en cas de besoin, ils s’en aident aussi pour sauter sur une roche voisine. Quand du fond de cet abyme on lève les yeux au ciel ; étonné, effrayé de la hauteur des monts et de la profondeur des eaux, on frissonne involontairement et l’on admire en silence. Une ou deux vallées dans le même genre se présentent, et force fut aux rameurs de les passer promptement ; il en venait un vent terrible, qui menaçait d’écraser la nacelle contre les rochers ; aussitôt qu’ils en eurent passé la largeur cependant, on jouissait du même calme.

Cà et là sur des plates formes, à sept ou huit cents pieds du niveau de l’eau, on aperçoit quelques habitations de paysans, où les maîtres ne peuvent arriver qu’en grimpant d’abord par une échelle perpendiculaire de trente à quarante pieds de haut et ensuite de rochers en rochers.