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venus à l’église, par le bras de mer sur lequel je devais naviguer, assurèrent que la tempête venait du Nord-fiord, et que celui sur lequel je devais voyager après avoir passé le premier cap, était fort calme. Ils n s’engagèrent même a profiter du moment, crainte que le vent ne tournât de ce côté.

Je pris donc quatre hommes vigoureux et un grand bateau, avec lequel je bravai les vagues. Ce ne fut pas sans peine que je passai ce maudit cap, mais à peine fus-je de l’autre côté, que je vis effectivement devant moi, l’eau calme comme celle d’un étang. Mais comment peindre les rochers horribles qui bordent ce Sund-fiord, dont la largeur n’est souvent que de cent pas.

Plus on avance dans l’intérieur des montagnes, plus l’aspect devient horrible et sauvage ; de tous les bras de mer que j’ai traversés aucun ne m’a frappé d’une telle horreur, que ce Sund-Fiord farouche. Les montagnes s’élèvent perpendiculairement du bord de l'eau à une hauteur de 1000 à 1200 pieds : dans quelques endroits, la pente est si roide que le sommet de la montagne semble plutôt pencher du côté de l’eau, que de l’autre côté. Aucun mur de cette hauteur ne pourrait avoir moins de talus ; cela semble comme une immense citadelle, bâtie des mains de la nature,