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Le capitaine Lynneström, dont la maison est près de celle du prêtre, non-seulement eut la complaisance de me prêter son bateau, mais voulut bien m’accompagner jusques à Strand à deux milles de là ; nous fumes débarquer chez le prêtre de la paroisse. Ce fut sur-tout sur le Storfiord, que je commençai à avoir une idée juste de ces bras de mer redoutables. Les hautes montagnes presque perpendiculaires qui le bordent, ne laissent souvent pendant un demi-mille aucun endroit, où en cas de tempête on put mettre pied à terre. De leurs sommets s’échappent en longs filets des ruisseaux qui forment des traînées blanches de 7 à 800 pieds de haut. Parfois, on voit des chûtes d’eau plus considérables ; mais le courant qui forme celles-ci, ayant plus de force, s’est creusé un lit plus profond dans les montagnes ; les cascades où il y a beaucoup d’eau ne tombent généralement à la mer que d’une trentaine de pieds.

Dans quelques endroits, on aperçoit des vallées étroites et profondes qui, s’élargissant ensuite dans l’intérieur des montagnes, laissent la possibilité à quelques habitans de s’y établir, et d’y cultiver un peu d’avoine, le seul grain qui puisse y croître. Les rayons du soleil peuvent à peine pénétrer au fond de ces abymes ; à tout