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incroyable, ces têtes sont la principale nourriture de leurs bestiaux. Une vache anglaise aurait assurément trop de fierté dans le caractère, pour s’abaisser a manger une tête de morue ; mais dans ces pays, tous les animaux ne vivent guères que de la mer ; on voit les chèvres brouter les herbes marines qui en bordent les côtes, et casser entre leurs dents les coquillages qu’elles y trouvent.

Il ne vient presque rien sur les rochers où la ville de Christiansund est située : ils sont d’ailleurs assez étendus. Les habitans y sont très-attachés ; et il arrive souvent que les négocians, que le commerce a enrichis, font pour améliorer le peu de terrain qui s’y trouve, des frais assez considérables, pour acquérir une grande terre dans un bon pays. Tous leurs soins cependant se bornent à avoir quelques prairies et des légumes ; les paysans du continent y apportent du bois et toutes les choses nécessaires, et s’en retournent avec celles qu’ils y ont achetées. Pour cette maudite morue salée, on trouve à Christiansund les bons vins et toutes les bonnes choses de la France et de toute l’Europe. Les négocians riches y vivent fort bien, et l’on y boit passablement.

La société ne peut guères y être très-agréable ;