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Les vallées étroites qui séparent ces montagnes, sont assez peuplées. On était au 15 octobre et l’on faisait encore la récolte. Il me parut très-extraordinaire de voir d’assez beaux blés sur des hauteurs telles que dans les climats plus méridionaux, on ne penserait point à les cultiver. Toutes les nuits, la gelée était assez forte, mais depuis dix heures jusqu’à quatre, la chaleur du soleil était considérable.

Les habitans sont tous vêtus de noir. L’habillement des hommes n’a rien de particulier que de gros boutons semblables à ceux de nos scapins ; mais les femmes portent un vilain jupon qui ne descend guères qu’au genou, qui colle par en haut et forme mille plis par en bas ; il est assez semblable aux grandes culottes des matelots hollandais. Les belles de Paris qui dans ces derniers temps ont porté des transparens de toutes espèces, n’en auraient pas eu besoin avec cet habillement. Toutes les formes y sont dessinées comme sur le nud ; malgré cela je puis assurer, que je n’ai jamais vu costume plus dégoûtant.

On descend enfin dans la grande vallée de Surendall, que l’on parcourt jusqu’au rivage. Elle est assez peuplée, mais malgré les gains des corsaires et de la pêche, les habitans sont aussi pauvres qu’avides ; il faut payer pour un verre