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Les corsaires de la république aussi ont propagé leurs principes, et ce qui est vraiment étrange, ce sont sur-tout les prêtres qui en sont le plus infectés : eux qui sembleraient devoir en être les plus éloignés, par les bonnes sine curâ qu’ils possèdent et qui seraient certainement les premières victimes d’un changement quelconque. Si le roi de Dannemarck se permettait de leur faire ce petit raisonnement : » Vous aimez le gouvernement républicain, or mes chers messieurs, dans la république tous les prêtres ont été fusillés, guillotinés, chassés, noyés, ou transportés. Puisque cela vous plaît, on vous donne à choisir entre ces douces alternatives » ?... La drôle de figure que feraient ces messieurs ?

Le fait est que, comme dans tous les pays protestans, les prêtres en Norvège n’ont rien à faire près de leurs paroissiens ; le dimanche ils prêchent deux heures, et pour ce léger service j’en ai connu qui avaient deux et trois mille rixdales de revenus (douze à quinze mille livres tournois) et une belle maison. Mais hélas ! leurs femmes ne sont pas appelées fru. Elles sont seulement madame, et c’est une infériorité qui les choque.

En Suède, toutes les femmes mariées sont fru ; mais ici la différence est fort grande entre