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Je fus visiter le pasteur d’Enonger, le docteur Hambrœus, dont j’avais connu le frère dans l’Upland. Ce village est situé à l’embouchure d’une petite rivière qui fournit du poisson aux habitans. Depuis quelque temps, on commence à trouver les bons habitans du Nord : c’est à l’isolement, dans lequel ils se trouvent, qu’ils doivent leur aisance et leur bonhomie. J'en fus visiter un ou deux, avec leur bon curé.

Les maisons sont très-propres dans intérieur ; elles ont généralement la même distribution. La principale pièce est tapissée des habits, le long des murs ; le grand luxe consiste à ne pas laisser un endroit vide. Les paysans fabriquent tout ce dont ils ont besoin, en draps et sur-tout en toile : il en est quelques-uns qui la font très-fine et très-belle ; mais malheureusement on ne connaît pas l’art de blanchir usité en Irlande.

C’est là l’industrie du long hiver qui les désole. Lorsque l’été vient, il ne faut pas perdre un moment ; la pêche, le labourage, l’abattis des bois, le sciage des planches et le charbon, les tiennent toujours en mouvement ; on ne trouve guères que les femmes à la maison, ou dans les champs voisins. Par-tout où je me suis présenté, j’ai toujours trouvé de la complaisance et en général il m’a toujours fallu boire à la santé des hôtes.