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me font désirer bien sincèrement que ces deux potentats ayent égard à leurs justes requêtes.

Il se tint une foire pendant mon séjour, qui me donna lieu d’examiner de plus près les coutumes du pays. J’assistai dans quelques endroits aux danses nationales ; elles sont vraiment fort étranges ; l’homme se jette en cadence, tout de son long par terre, sans quitter la main de sa danseuse qui tourne autour de lui ; à un coup d’archet, il se relève et recommence à danser. Ce tour de force est fait avec assez d’adresse et de légèreté. Je vis aussi que les lièvres blancs, que l’on avait apportés au marché, avaient tous le museau coupé ; comme cela me parut extraordinaire, je m’informai pourquoi cela était ainsi, et l’on me dit que c’était dans la crainte de faire naître des enfans avec un bec de lièvre, en donnant des envies aux femmes grosses. Voilà qui est assurément fort attentif.

Tous les paysans avaient un bonnet rouge en tête : leur pétulance était fort remarquable ; il y avait souvent des batailles, et une patrouille nombreuse venait arrêter les combattans.

Le principal article de vente était les chevaux, et j’ai vu plusieurs marchés de cinq ou six rixdales pour un cheval jeune et bien portant ; j’en vis même marchander un de trois rix-