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de marée, haute ou basse. Les bateaux peuvent alors le traverser sans risque et même pêcher dessus, mais il faut bien prévoir le retour de la marée et se retirer avant qu’elle ne revienne ; la force du courant est si considérable, que la vitesse des rames ne saurait faire échapper un bateau a une destruction certaine.

Ce tourbillon est a un demi-mille en mer de l’île appelée Moskoe, qui est l’avant-dernière de l’Archipel, appelé Vesteral ou de l’ouest. Il arrive parfois, que quelque grosse baleine se trouve entraînée par le courant : quand elle aperçoit que ses efforts sont inutiles et qu’elle ne peut échapper elle hurle et crie si haut (dit Shönning) que la terre en retentit au loin[1] elle est enfin engloutie et mutilée contre les roches. Quelques ours aussi, sont par fois attirés par la vue des moutons qui paissent sur l’île de Moskoe. Ils se mettent à la nage pour les aller joindre, et lorsqu’ils sont surpris par le tourbillon, ils poussent

  1. Voici l’expression de Shönning : lorsque la baleine voit que ses efforts sont inutiles et qu’elle doit aller au fond, Bröler og skrnaler han. sna höyt, at jorden synes at ryste og skoelve derved. Elle rugit et hurle si haut que la terre semble vouloir se briser et s’écrouler. On dit ordinairement muet comme un poisson : je soupçonne ici quelque méprise de Shönning.