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avec du fumier, et on l’avait jetée sur la neige, qui pouvait avoir deux pieds de haut. On la remuait alors pour l’usage qu’on en voulait faire, et la neige était parfaitement conservée dessous, sans même être foulée. On a souvent tant de peine à conserver la glace, et cette manière parait si simple, que j’espère que quelques amateurs me sauront gré d’en faire mention.

Je me remis en route, et traversai, au moins deux fois par heure, le beau fleuve, qui arrose cette vallée. Cette fois, je puis le dire, je voyageai absolument comme un pittoresque, et courus sans m’arrêter, à travers un beau pays, jusqu’à Gefle, éloigné de plus de douze milles. Je devais m’arrêter, il est vrai, chez un curé, mais il était dix heures du soir, il avait quatre-vingts ans, ainsi le bon homme dormait. À deux heures du matin, je passai ma seconde station ; c’était une forge considérable. A plus forte raison, je ne pus m’arrêter ; mais en attendant le cheval, je fus me promener dans le parc pour jouir de la fraîcheur et du silence de ces jours-nuits délicieux.

La chaleur extrême du jour suivant, m’obligea d’avoir mon parapluie toujours ouvert. Les paysans revenaient de l’église, et quoique ma cariole fût beaucoup moins bonne qu’aucune de celles