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MER DE L’OUEST.


Traversant lestement un pays tantôt bon, tantôt mauvais, je m’acheminai vers York, mais n’y arrivai pas sans malencontre, que l’on pourrait à peine deviner sur le continent. Un peu fatigué des trente milles que j’avais faits depuis mon déjeûné, je trouvai enfin une auberge d’assez bonne mine, mais seule dans cet endroit ; je demandai un lit. L’hôte me répondit en ricanant, You have no horse[1]. Aussi lui dis-je ce n’est pas pour mon cheval que je le demande, c’est pour moi. À cela il ne répondit rien. Croyant voir le motif de son silence, je lui présentai de l’argent, et lui dis de prendre d’avance le prix du souper et de la couchée ; il me refusa, en disant qu’il n’était pas accoutumé à recevoir des gens, sans chevaux ni carrosse. Comme il n’y avait point d’autre auberge qu’à une grande distance, qu’il était fort tard, et que j’étais trop fatigué pour aller plus loin, je fus obligé de coucher sur la paille chez un misérable paysan, qui fit ce qu’il put pour m’accommoder, mais qui n’avait que du pain et du lait à me donner. Je suis fâché de ne pas me

  1. Vous n’avez point de cheval.