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La première est Sheffield, qui est pleine de manufactures, mais sans aucune autre chose remarquable, quoique très-grande. Puis Doncaster, qui a de beaux bâtimens, entre autres un que je crois l’hôtel-de-ville, avec une noble colonnade, mais le commerce n’y est pas florissant. C’est une chose digne de remarque, que par-tout où les arts fleurissent, le commerce n’a pas tant de vigueur, et que par-tout où les pensées continuelles des habitans ont rapport au gain qu’ils ont fait, ou qu’ils doivent faire, les beaux arts sont ordinairement négligés. Le négociant dans son comptoir, s’embarrasse peu si la ville qu’il habite est ornée de beaux bâtimens ou non, pourvu qu’il vende son sucre et son poivre à quarante ou cinquante pour cent de profit, c’est tout ce qu’il lui faut.

Je traversai ensuite un pays entièrement semblable à celui de la Vendée en France, coupé de canaux et de larges fossés, quoique beaucoup plus anciennement tiré de dessous la mer. J’arrivai à Burton, dont la fameuse ale porte le nom ; cela m’induisit dans une erreur assez naturelle, et m’engagea à en demander, mais il n’y en avait pas dans le pays. Ce Burton est un misérable village, qui ne fait aucun commerce, et dont les habitans sont pour la plupart pêcheurs. Celui où on fabrique la bonne bière est dans le Lancashire.