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sur les bords escarpés d’une petite rivière bordée de rochers, et pleine de manufactures de coton ; j’arrivai à Buxton-Bath, par un chemin peu fréquenté, où j’aperçus quelques malheureux à la potence, dansant à tout vent, pour l’édification du prochain, et offrant un spectacle horrible, mais peut-être nécessaire.

Les superbes bâtimens de Buxton-Bath, au milieu des montagnes incultes et désertes étonnent vivement le voyageur. La principale auberge, où se trouvent les eaux, est faite dans le goût du croissant de Bath, avec des arcades où les buveurs d’eau se promènent. Il y a peu de souverains à qui un tel palais ne fît honneur. Les écuries, qui forment un grand corps de logis séparé, répondent à la magnificence du principal bâtiment, et peuvent contenir trois à quatre cents chevaux.

Après m’être informé de l’état des choses, et avoir su qu’une table d’hôte composée des personnes venues aux eaux, allait être servie, je témoignai le désir d’y prendre mon dîner. Le maître me fit entendre que je ne pouvais prétendre à cet honneur qu’après avoir changé de linge, et avoir eu mes cheveux accommodés ; en conséquence, ayant mon petit paquet dans ma poche, je m’habillai entièrement, et ne vis à mon grand regret que des figures tannées, de femelles vieillies, et quelques hypocondres, mais