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dont l’aspect imprime un sentiment religieux, qui doit donner une idée de ceux qui agitaient ces peuples au milieu de leurs cérémonies. Ces pierres énormes ont encore cela de particulier, c’est que la carrière d’où on les a tirées est fort éloignée.

M’écartant de la grande route, et me dirigeant par ma carte, à travers le pays vers Burton et Wolton-Basset, je me trouvai conduit par un sentier détourné sur le bord de la Tamise, qui dans cet endroit était très-profonde quoique peu large ; il n’y avait point de pont qu’à une grande distance, et il m’aurait fallu retourner sur mes pas et perdre entièrement cette journée. J’aperçus un grand bateau de charbon dans lequel il n’y avait personne ; je m’aventurai à y monter et je le poussai avec beaucoup de peine de l’autre côté du rivage ; au moment que je débarquais les bateliers parurent à l’autre bord. Je laisse le lecteur inventif imaginer quels furent les complimens que ces pauvres diables me firent. Quoique je n’en entendisse pas les trois quarts, ils me semblèrent très-expressifs. Cependant pour ne pas les laisser trop dans l’embarras, je mis à flot un petit bateau, qui était de mon côté, et je le leur poussai : puis pendant que le courant le leur envoyait, je leur souhaitai le bonjour et je m’éloignai prudemment.

Wolton-Basset est une petite ville presqu’entièrement séparée du reste du pays, par les mauvais