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une vaste lande couverte d’ajoncs, comme en Basse Bretagne, ce qui surprit fort mon camarade, qui enthousiaste de l’anglomanie, s’imaginait qu’aucune terre n’était inculte, et que les plus mauvaises, étaient rendues fertiles par le génie des Anglais. J’ai appris depuis, qu’il y avait un grand nombre de ces communes aux environs de Londres, comme dans la Bretagne appartenantes aux paysans, qui y envoyent leurs bestiaux, et que l’on ne peut cultiver par cette raison.

Ce qui nous étonna le plus, fut de voir que du plus loin que les hommes s’apercevaient, ils paraissaient craindre de s’approcher, et ne le faisaient qu’avec quelques précautions. Comme nous réfléchissions sur cette crainte peu naturelle à ce qu’il nous semblait, si près de Londres et en plein jour, nous vimes un homme dans un cabriolet s’arrêter, et délibérer s’il viendrait à nous ; il nous joignit pourtant, dans le même temps que de l’autre côté venait une voiture à quatre roues ; la personne qui était dedans, dit à mon camarade, qui entendait quelques mots d’anglais, que quatre hommes à cheval et masqués, s’étaient approchés de la voiture, et voyant qu’il n’y avait que le domestique, s’étaient retirés. Là-dessus l’homme du cabriolet commença à trembler, nous lui offrimes notre secours dont il ne parut pas se soucier, et il tourna bride sur-le-champ ; la personne dans la voiture, nous exhortait fort à retourner