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jouirait à présent du bénéfice de la révolution. C’est avec peine que j’ai dit, qu’il paraît évident qu’on a eu quelque idée, de jouer le même jeu dans ces derniers temps ; things may serve long, but not serve ever[1], la nature de ces derniers troubles était d’une autre espèce que ceux du temps de Charles VI, on avait à faire alors à un roi fou, à son fils qui n’était point aimé, à une nation dégoûtée, affaiblie, et souhaitant changer la dinastie de ses maîtres, aux chefs de qui par conséquent, il devait paraître désirable, de mettre la couronne sur la tête du plus puissant vassal, qui l’était beaucoup plus que son suzerain ; dernièrement, on s’est joué à une nation vingt fois plus puissante qu’elle ne l’était alors, qui ne veut point de maître, dont toute la force terrible, était unie dans les mains d’un gouvernement vigoureux, qui la guidait par l’enthousiasme et la terreur. Les deux résultats sont parfaitement naturels et simples : seulement dans le premier cas, il faut qu’elle ait été bien tourmentée par l’orgueil de ses vainqueurs, pour que le prince vaincu pût recouvrer son amour, qu’il fût lui-même un grand homme et qu’il sût profiter bien habilement des mauvaises dispositions de ses ennemis, pour parvenir, non-seulement à remonter sur son trône, mais même à

  1. Une chose peut servir long-temps, mais elle ne peut pas servir toujours.
    Shakespear.