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tout ce qui a l’air étranger, ne nous laissa pas aller tranquillement : en passant le long des vaisseaux charbonniers, nous fumes accompagnés toute la route de God d—n the French dogs[1], et qui pis est, de pierres et de pièces de charbon. La populace sur le rivage voyant cela, se mêla de la partie, et passant près d’eux, ils nous accablèrent d’injures et nous jettèrent des pierres : en arrivant à la douane, les commis tâtèrent nos poches, pour savoir, disaient-ils en douceur, s’il n’y avait point de contrebande, ou d’armes cachées, puis ils nous dirent de revenir une autre fois ; je n’ai pu réussir à retirer mon paquet, qu’après quinze jours, et en payant.

À peine fumes-nous dans la rue, que de toutes parts nous n’entendimes que des God d—n, et de petits polissons ricanant à notre nez, disant avec impertinence, parlez-vous français, Monchieu. Lorsque j’eus quitté le quartier des matelots, je m’aperçus bien vîte que le peuple n’avait plus à un si haut degré la même impertinence. On se contentait de nous toiser des pieds à la tête et de rire, parce que les souliers étaient sales, que la barbe n’était point faite, les cheveux point peignés, qu’on avait des bottes étrangères, un manteau, ou toute autre chose, qui ne s’accommodait point à leur manière ; mais au

  1. Dieu damne les chiens Français.