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et comme malheureux avec compassion. Ce fut dans ces bonnes idées que nous remontames la Tamise, où bientôt nous fumes accueillis par une barque armée de commis de la douane. Deux ou trois d’entre eux, vinrent à bord, et leur première exclamation en nous apercevant fut, Again ! D—n the French ![1] Ce que ne comprenant pas, nous prîmes presque pour un compliment.

C’était un samedi, 29 Décembre, que nous arrivames sur les trois heures de l’après-midi près la tour de Londres : nous aurions bien désiré débarquer sur-le-champ, mais on ne voulut pas permettre que nous emportassions nos effets, que les commis, dirent n’avoir pas le temps de visiter. Le lendemain dimanche on ne visite point, non plus que le jour de l’an ; ainsi il nous fallut bien prendre le parti de débarquer et de les laisser derrière nous.

Quand je revins le mardi, je trouvai la plupart de mes compagnons de voyage, encore sur le vaisseau, et je vis qu’on s’apprêtait à porter nos effets à la douane. Nous les suivimes dans un bateau ; nous étions huit à neuf, dont quatre ou cinq, avec des chapeaux à trois cornes et des manteaux uniformes, ce qui devait en effet paraître extraordinaire à Londres où personne n’en porte : aussi la détestation du bas peuple Anglais pour

  1. Encore ! Dieu damne les Français.