Page:Latocnaye - Promenade d un Francais dans la Grande Bretagne - 2e edition, Fauche, 1801.djvu/29

Cette page a été validée par deux contributeurs.

les chiens s’approchent avec précaution, se grondent pendant quelques momens, puis se battent avec furie, culbuttent la charrette, et ensuite, certains de ce que leurs maîtres leur préparent, pour cette incartade, ils s’enfuient à toutes jambes, la traînant après eux.

Dans le temps que je passai à Rotterdam, une tempête accompagnée de la grande marée couvrit d’eau une partie de la ville ; on allait en bateau presque par-tout : mais ceci, qui paraîtrait un grand malheur pour d’autres peuples, n’est presque rien pour celui-ci ; quand on voit l’eau venir, chacun déménage très-froidement et porte ses effets aux seconds étages. Je me rappelle même avoir vu des servantes, qui pensant que c’était une occasion excellente pour laver leur maison, établirent la pompe au milieu de l’eau, et en lavèrent ainsi les murailles, pendant que d’autres les frottaient par les fenêtres.

Quoiqu’aucune nation de l’Europe n’aimât les Hollandais, et qu’on leur reprochât avec juste raison, l’esprit d’intérêt qui les animait, cependant cet esprit intéressé lui-même, est la cause de leur existence et du rôle qu’ils ont joué en Europe ; sans intérêt qui voudrait commercer ! C’est cet esprit qui en fait naître l’idée, et qui très-utile quand un petit nombre s’y emploie, abâtardit une nation, lorsque tous les individus qui la composent, ont toutes leurs idées tournées sur le