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d’Amsterdam et de la Haye, les charrettes pour les provisions que les paysans conduisent au marché, sont comme en Flandre attelées avec des chiens. Comme ces sortes de voitures ne payent rien aux barrières, on sent qu’elles leur sont d’un grand avantage, car en outre que la nourriture de ces chiens ne coûte presque rien, attendu qu’ils la portent avec eux, ils ont aussi en eux des gardiens fidèles, et peuvent en toute sûreté, laisser leur charrette chargée au milieu des places, et vaquer à leurs affaires.

Toutes ces réflexions, quoique naturelles, ne frappent point d’abord un étranger, à qui cette coutume paraît ridicule et même cruelle ; les pauvres bêtes tirent la langue d’une telle manière, et paraissent si fatiguées, qu’il est très-naturel d’accuser leurs maîtres de dureté. Cependant, peu-à-peu on s’y accoutume, et on ne le trouve pas plus extraordinaire, que de voir des chevaux attelés à une lourde charrette, obligés de marcher à coups de fouets, et mourir de fatigue sous les coups. C’est ainsi, que l’animal à deux pieds sans plumes, s’est arrogé le droit de traiter toutes les autres créatures, et cela ne doit pas paraître extraordinaire, quand on songe qu’il traite encore plus mal ceux de son espèce.

Ces pauvres bêtes offrent un spectacle bien extraordinaire, lorsque deux charrettes se rencontrent et que les maîtres n’y prennent pas garde ;