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Les dames dans les îles britanniques sont très-réservées : cela est sur-tout remarquable en Écosse : il est réputé indécent pour elles de prendre pendant le jour le bras d’un homme, qui n’est pas leur frère ni leur mari. Elles peuvent cependant le faire la nuit. Un jour apercevant dans la rue une dame de ma connaissance qui, étant grosse, paraissait marcher avec peine, j’accourus et lui offris mon bras à plusieurs reprises. Elle rougissait, ne répondait que par monosyllabes et enfin elle me quitta tout-à-coup. Elle m’a dit depuis, que je l’avais fort embarrassée. On doit aussi attendre que les dames paraissent prendre garde à vous, avant de les saluer. Lorsqu’elles consultent un médecin, ce n’est pas à elles que l’hypocrate adresse la parole, (quoiqu’elles soient présentes), mais à une amie ou à la femme de chambre, qui ensuite répond ce que la maîtresse lui a dit.

Une dame, dans l’absence de son mari, se confine au logis et n’y voit que quelques femmes, ses amies intimes. Le veuvage même, qui sur le continent a bien quelques agrémens, est une chose fort triste dans ces pays. Une femme dans cet état redevient demoiselle, et n’est pas plus maîtresse de ses actions qu’avant son mariage. Ces minuties contribuent certainement au maintien des mœurs, mais aussi elles rendent la société un peu monotone.