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sur les hauts faits des siècles passés, afin d’être accueillies par les habitans des campagnes, qui souvent croient voir leurs ancêtres dans ces héros fameux.

M. Macpherson a su réunir avec beaucoup d’art et de patience, un grand nombre de ces petits poëmes détachés, que le docteur Johnson lui-même ne trouvait pas sans agrément. Je ne prétends point dire, par là, que quelques-uns de ces poëmes n’ayent pas été faits par Ossian ; il est même au contraire très-probable que cela est ainsi. Mais qui est cet Ossian et ce Fingal, que l’Écosse, l’Irlande et même la Suède et la Norvège réclament ; Fin gal, dans les langues celtique et finoise, veut dire le sorcier gaulois. Ossian aussi, n’est pas plus un nom celtique, que celui de Milésius, que les Irlandais réclament pour leur fondateur.

Lorsque le docteur dit, que dans la pénurie de ces contrées (malignes) malheureuses, (in the penury of these malignant regions), on est obligé de faire usage du lait de chèvres et de brebis : il faut convenir que cela sent bien fort les préjugés du terroir anglais qui ne permettent pas de supposer que ce qui n’y est pas en pratique puisse être bon. Il y a certainement des pays très-fertiles, où l’on fait usage du même lait[1],

  1. La Suisse, l’Italie, la Franche-Comté, la Provence, en un mot tous les pays au sud de l’Europe.